AVC : Mieux le connaître pour agir à temps

29 mai 2024
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En France, chaque année, l’AVC touche à des degrés divers environ 140 000 personnes. Oui, la mortalité dont il est responsable a baissé de 40 % ces trente dernières années. Mais la mauvaise santé de l’hôpital, avec sa pénurie de personnel, la mise à mal des services d’urgence et le manque de lits en unité spécialisée, bouscule une bonne prise en charge du patient. Savoir identifier les signes précurseurs et les symptômes, faire face à l’urgence, mais aussi adopter les bons réflexes pour prévenir cet « accident » pas comme les autres devient aujourd’hui essentiel. Pour saisir sa chance de rester en vie et d’éviter le handicap.

Selon l’Académie nationale de Médecine, 5000 décès ou dépendances évitables, liés à un AVC, seraient dus à des problèmes majeurs et des dysfonctionnements de l’hôpital d’aujourd’hui. En première ligne, la mise à mal des services d’urgence. Un comble, quand on sait qu’en cas d’AVC, chaque minute compte pour limiter les lésions au cerveau. Le Samu-Urgences de France indique ainsi que pendant l’été 2023, 163 services d’urgence ont été fermés, certains uniquement la nuit, dans une soixantaine de départements français. Les patients ont dû être orientés vers des hôpitaux plus lointains. Malgré les risques de décès ou de survie avec dépendance.

Le manque de lits dans les unités neuro-vasculaires (UNV) est aussi pointé par l’Académie. Alors que ces unités de pointe et spécialisées avec leurs équipes multidisciplinaires sont organisées pour pouvoir intervenir 24 heures sur 24 et ont tout le matériel pour éviter complications et récidives. Quant à celles qui ont des lits, elles doivent souvent en fermer par manque de neurologues ou d’infirmiers spécialisés. Résultat : seule la moitié des patients est hospitalisée en UNV. Un comble. Qui plus est dans les zones de désertification médicale, où l’UNV n’existe tout simplement pas, et où même l’hôpital a fermé. Et de quoi remettre en question les progrès de ces trente dernières années en matière de prévention, de prise en charge et de traitement de l’AVC en France. Pour tous.

Mais enfin, qu’est-ce vraiment que l’accident vasculaire cérébral dit AVC ? Il survient en fait quand il y a interruption de la circulation sanguine dans une zone du cerveau. Et il faut alors trouver le bon chemin rapidement pour y faire face. Car cet accident grave s’avère être aujourd’hui la première cause de handicap physique acquis à l’âge adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer et la troisième cause de mortalité après les cancers et les accidents cardiaques. De quoi faire réfléchir le quidam.

LA TÉLÉMÉDECINE ? UN VÉRITABLE ATOUT

Quand l’hôpital ne dispose pas d’une UNV, son service d’urgence est souvent connecté grâce à la télémédecine à une UNV dont le neurologue de garde peut examiner et interpréter l’IRM ou le scanner et décider des gestes techniques à réaliser.

La télémédecine permettra aussi aux soignants, qui plus est dans des zones géographiques déshéritées médicalement, d’assurer le suivi post-AVC des patients. Pour prévenir les récidives.

 

AVC ischémique AVC symptômes agir à temps Le Dossier santé Le Mag différence séniors Héraclide résidence sénior residence senior logements pour seniorsL’AVC ischémique

85% des AVC sont dits « ischémiques ». Ils sont liés à un caillot, qui empêche le passage du sang dans une artère cérébrale. Le cerveau n’est alors plus oxygéné et l’accident vasculaire cérébral (AVC) se produit.

Le traitement consiste à désobstruer l’artère cérébrale en pratiquant une thrombolyse. Ce qui consiste à administrer au patient, par injection dans une veine, un traitement qui va fluidifier le sang et dissoudre le caillot. Si la thrombolyse est contre-indiquée, qu’elle échoue ou encore que l’artère bouchée est grosse, un neuroradiologue interventionnel pratiquera une thrombectomie : il introduira pour cela un cathéter par l’artère fémorale et remontera jusqu’au vaisseau obstrué pour y extraire le caillot.

S’ils sont mis en œuvre dans les heures qui suivent les premiers symptômes, ces deux traitements permettent de réduire le risque de handicap de 50%. Mais malheureusement, seuls 15 à 20% des patients atteints d’un AVC ischémique en bénéficient. Le médecin leur prescrira ensuite un traitement antiagrégant pour éviter les récidives de caillot. Les autres patients sont exclus soit parce que le caillot est situé dans une artère trop petite, soit parce que leur risque hémorragique est trop important ou parce qu’ils ont dépassé les délais.

L’AVC hémorragiqueAVC hémorragique AVC symptômes agir à temps Le Dossier santé Le Mag différence séniors Héraclide résidence sénior residence senior logements pour seniors

Les autres AVC sont dits hémorragiques. Un vaisseau se rompt dans le cerveau et provoque l’hémorragie. Les cellules sanguines compressent les zones voisines du cerveau. Ce type d’AVC est provoqué par une maladie chronique des petits vaisseaux qui les rend poreux et favorise les fuites. Pour traiter l’accident, il s’agit d’abaisser la pression artérielle le plus rapidement possible afin de limiter la croissance de l’hématome.

Dans moins de 5 % des cas, on parle d’hémorragie méningée parce que le saignement est localisé dans les méninges, ces enveloppes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Cette dernière est le plus souvent due à la rupture d’un anévrisme qu’il faut boucher.

 

UNE AFFECTION LONGUE DURÉ (ALD)

Lorsqu’un AVC laisse des séquelles au patient, il est considéré comme une affection longue durée (ALD). Les soins et les examens sont donc alors pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie, dans la limite de ses tarifs de remboursement.

A condition que le médecin traitant ou hospitalier en fasse la demande. Certains des frais, comme le forfait hospitalier, par exemple, peuvent rester à la charge du patient et/ou de sa mutuelle.

 

POUR GAGNER LA COURSE CONTRE LA MONTRE

Connaître les signes précurseurs et les symptômes et savoir donner l’alerte est déterminant.

LE signe précurseur : l’AIT ou l’Accident ischémique transitoire

Chaque année, 400 000 personnes font un AIT, autrement dit un mini-AVC. Après cet AIT, 10% d’entre elles feront un vrai AVC dans le mois qui suit, dont la moitié dans les 48 heures. 25% des AVC ischémiques sont précédés de cet accident transitoire. Les symptômes de l’AIT sont les mêmes que ceux de l’AVC (voir encadré ci-contre), mais ils ne durent que quelques minutes avant de disparaître ; ils peuvent donc tout à fait passer inaperçus et au patient et à ses proches. Mais s’ils sont identifiés, il faut absolument que le patient soit traité en urgence, si possible dans une unité neuro-vasculaire (UNV), pour qu’il bénéficie d’un traitement pour fluidifier son sang, car son risque de faire un AVC sera alors réduit de 80%.

Les symptômes des AVC ischémique et hémorragique et de l’AIT

L’AVC ischémique, l’AVC hémorragique et l’AIT se manifestent par les mêmes symptômes. L’imagerie médicale -scanner ou IRM- permet de confirmer le diagnostic.

Les signes sont soudains :

  • Une perte de vision de l’un ou des deux yeux.
  • Une déformation de la bouche.
  • Une perte de sensibilité d’une partie du corps.
  • Une faiblesse musculaire d’un membre.
  • Une paralysie d’un côté du corps.
  • Un trouble de la parole : la personne ne trouve plus ses mots, elle ne parvient pas à répéter une phrase.
  • L’hémorragie méningée (dans le cas d’un AVC hémorragique) provoque des nausées et des vomissements, des maux de têtes très violents et peut faire perdre conscience

 

VIVEMENT DEMAIN : LA MÉDECINE POURSUIT SES PROGRÈS

Un diagnostic dès l’ambulance

Une simple prise de sang réalisée dans l’ambulance permettra de déterminer si l’AVC est ischémique ou hémorragique et d’orienter le patient vers le service médical le plus adapté. Développé dans le cadre du programme Booster piloté par le Pr Mikael Mazighi, le kit d’analyse est attendu pour janvier 2026.

Un anticorps pour diminuer le risque hémorragique

Utilisées dans le cadre d’un AVC ischémique, thrombolyse et thrombectomie engendrent souvent des saignements. Pour pallier cette complication, cause de handicap souvent sévère, une jeune société française, Acticor Biotech, développe un traitement nouveau qui repose que les propriétés du glenzocimab, un anticorps spécifique. Cette molécule, en se fixant aux plaquettes, stoppe la formation d’un caillot sanguin, sans augmenter le risque hémorragique. Si la seconde phase des essais cliniques confirme son efficacité, il rejoindra l’arsenal thérapeutique d’ici cinq ans.

 

Si un proche (ou vous-même) présente ces symptômes, que faire ?

CONTACTEZ le 15.

Et réitérez l’appel si besoin. Enoncez le plus clairement possible les symptômes. Et dîtes que vous pensez à un AVC.

Selon ces symptômes, le médecin du Samu déterminera l’hôpital le plus proche en mesure d’offrir la prise en charge adaptée et le moyen de transport adéquat. S’il soupçonne un AVC ischémique, il orientera vers un hôpital disposant d’une UNV ou d’un service d’urgences opérationnel 24 heures sur 24. S’il suspecte une rupture d’anévrisme, il enverra une ambulance du Samu pour rejoindre le service de neuroradiologie interventionnelle ou de neurochirurgie le plus proche. Au besoin, avec un hélicoptère.

N’ATTENDEZ SURTOUT PAS.

Ce serait une perte de temps et donc de chance.

N’ALLEZ PAS VOIR VOTRE GENERALISTE pour avoir un avis.

Ce serait aussi une perte de temps et donc de chance.

N’ALLEZ PAS AUX URGENCES PAR VOS PROPRES MOYENS.

 

CAP SUR LA PRÉVENTION

Agir pour sa santé est ouvert à tous et à tous les âges. La plupart des AVC sont liés à des facteurs de risque que nous pouvons apprendre à dompter, à réduire et à stopper. Pour prendre soin de soi.

ARRÊTER LE TABAC

Le tabagisme multiplie par trois le risque d’AVC. Mais ce risque redevient équivalent à celui d’un non-fumeur cinq ans après l’arrêt.

PERDRE DU VENTRE

L’obésité abdominale contribue à hauteur de 36% à l’AVC. Elle concerne plus de la moitié des femmes après la ménopause, avec un tour de taille supérieur ou égal à 90 centimètres (100 centimètres chez les hommes).

MANGER SEINEMENT

Privilégier le fait-maison, le frais, le vert, les fruits, la cuisson à la vapeur à la friture, le poisson, éviter les aliments et les plats industriels, souvent trop gras, trop salés et/ ou trop sucrés, mais aussi l’excès d’alcool (pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours).

BOUGER DES QUE CELA EST POSSIBLE

Ne pas rester statique assis, debout ou couché plus de deux heures, prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur, pratiquer une activité physique 30 minutes par jour (marche, vélo, jardinage…) plusieurs fois par semaine.

SURVEILLER SA TENSION ARTÉRIELLE

L’hypertension artérielle multiplie par deux le risque d’AVC et par cinq avant 55 ans. La faire contrôler au moins une fois par an par un soignant. 17 millions d’adultes sont hypertendus et un sur trois l’ignore (Santé publique France, 2023).

STABILISER SON TAUX DE CHOLESTÉROL

Un bilan lipidique complet (triglycéride, cholestérol total, HLD et LDL) est à renouveler chaque année à partir de 50 ans quand on est en bonne santé. En effet, le mauvais cholestérol se dépose dans les artères du cou et du cerveau et y réduit progressivement la quantité de sang qui y circule. Ce qui peut former un caillot. Une glycémie à jeun peut aussi se montrer utile car l’excès de sucre dans le sang fragilise la paroi des artères cérébrales.

CONSULTER EN CAS DE PALPITATIONS

Des palpitations ou un essoufflement anormal lors d’un effort peuvent être le signe d’une maladie du cœur. Un trouble du rythme cardiaque comme la fibrillation atriale multiplie, par exemple, par quatre le risque d’AVC.

 

 

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Une rubrique réalisée par Carine HAHN.