Avec les années 60, un monde finissait et un autre commençait. Une décennie de vitalité et d’audace qui continue de fasciner jeunes et moins jeunes. Dans la France de l’époque, les yéyés rendaient folles les foules et leurs tubes animaient les bals de province comme les boîtes à la mode. Projecteur sur un courant musical qui détrôna alors la chanson à texte.
Le 22 juin 1963, entre 150 et 200 000 jeunes se retrouvent place de la Nation à Paris pour fêter le premier anniversaire du magazine Salut les copains. Ils ont répondu à l’appel de Daniel Filippachi et Franck Ténot, créateurs et animateurs de l’émission quotidienne du même nom sur Europe 1. Toutes les vedettes d’alors vont se succéder sur scène, de Johnny Halliday à Franck Alamo, en passant par les Chats sauvages, Richard Antony ou encore Sylvie Vartan. Le public déchaîné vit un moment intense et inoubliable. Le lendemain, dans le journal Le Monde, le sociologue Edgar Morin baptise les jeunes artistes les « yéyés ».
L’expression sera utilisée aussi bien en France qu’au Québec. « Yéyés » est à la fois le nom d’un courant musical et un adjectif pour qualifier une chanson ou une musique adaptée d’un succès anglo-saxon d’alors, dont les baby boomers, à savoir les jeunes nés après la Seconde guerre mondiale, sont particulièrement fans. La connotation se voulait à l’origine péjorative et railleuse dans la bouche de leurs parents et des intellectuels ; elle désigne aussi bien les amateurs de tubes yéyés que les jeunes interprètes de ceux-ci.
Mais d’où vient cette interjection ? En fait, elle n’est autre que la transcription française de « yeah », une déformation de « yes » (oui) souvent répété (« yeah ! yeah ! ») dans les chansons de rock et de twist américaines. Les traducteurs ont préféré « yé » à « ouais ».
La vague « yéyés », qui durera jusqu’à la fin des années 60, mettra au placard pour un temps les chanteurs à texte de la « rive gauche ». Les Mouloudji, Brel et Brassens devront souvent attendre son passage pour reprendre du poil de la bête et mettre leur répertoire au goût du jour. A grand renfort d’une nouvelle orchestration teintée « sixties » et bientôt déjà « seventies ».
A regarder : LA GÉNÉRATION SALUT LES COPAINS
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Article écrit par Carine HAHN.