Rencontre avec Chantal Allain, professeur de pilates

5 avril 2023
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Chantal Allain enseigne le pilates à Joinville-le-Pont, dans le Val-de-Marne.

Ceinture noire et professeur de karaté, athlète accomplie dans plusieurs disciplines sportives, ancienne de la BAC (1), Chantal Allain, 70 ans, a découvert le pilates et ses bienfaits à l’âge de 65 ans. Aujourd’hui, elle l’enseigne.

Quel a été votre parcours de sportive ?

Le sport, c’est toute ma vie. J’ai commencé par la course à pied. J’ai fait des marathons, mais je n’y trouvais pas vraiment de plaisir. Je me suis donc mise à la marche athlétique jusqu’à aller aux championnats de France enceinte, mais c’était une grosse erreur. Cette discipline oblige à se déhancher, à prendre une posture exigeante pour le corps et le déglingue. J’ai fait aussi beaucoup de musculation et je suis allée jusqu’aux championnats de France de déhanché-couché. Tout comme pour le karaté que je pratiquais depuis longtemps. Sport qui m’a aussi aidée à faire mes preuves quand je suis entrée dans la police et à intégrer la BAC (1). A la BAC, je n’ai ensuite travaillé que la nuit et ai eu pas mal d’accidents lors d’interventions. Ce n’est pas un hasard si je suis aujourd’hui atteinte, entre autres, de polyarthrite et de deux hernies discales.

Comment avez-vous découvert le pilates ?

Il y a cinq ans, j’ai fait un cours de pilates dans une salle de sport pour voir… presqu’en blaguant. Pour moi, le pilates, c’était ennuyeux et pour les mamies. Après ce cours, mes douleurs, particulièrement celles dans le dos, s’étaient vraiment atténuées. Je me suis dit que c’était ce qu’il me fallait. Et j’ai décidé de passer mon diplôme de professeur. Ce qui demande un vrai engagement pendant huit mois à raison de trois cours de pilates par jour. Aujourd’hui, je ne souffre plus du dos.

Quelle différence faites-vous entre le pilates et le yoga ?

Pour le yoga, il faut être très souple et avoir un mental qui permet de s’évader en restant dix minutes dans la même position. Ce n’est pas ce que recherchent la plupart des gens ; ils veulent avant tout s’évader et oublier leur journée, leur travail, leur patron ! Un pilates tonique peut répondre à cette attente. S’il est trop tranquille, leur esprit va partir ailleurs et ce n’est pas le but.

En quoi consiste votre pilates tonique ?

C’est le pilates qu’on m’a enseigné et que j’ai arrangé à ma sauce. Je n’improvise pas ; je prépare mon cours en expérimentant chacune de ses étapes. Je suis un fil que j’ai écrit sur papier et que je consulte pendant le cours, une chronologie des mouvements, comme en karaté. Si je ne sens pas tel muscle qui est censé travailler dans tel mouvement, je change de mouvement. Pendant le cours, j’observe les participants et après, je prends des notes. Cela me permet de revenir au cours suivant sur ce qui n’est pas passé chez certains. Pour moi, il est essentiel de proposer des cours variés pour ne pas qu’ils soient ennuyeux.

Cette discipline s’adresse-t-elle à tout le monde ?

Oui, aux femmes et aux hommes, quel que soit leur âge. Je constate que les femmes sont en majorité à mon cours. Tout simplement parce que le mot pilates rebute souvent les hommes, mais ceux qui viennent restent. Preuve qu’ils y trouvent aussi du positif.

Qu’est-ce que l’on vient chercher dans votre cours ?

Beaucoup viennent pour calmer une douleur dont ils n’arrivent pas à venir à bout. Seulement le pilates apaise, mais ne soigne pas. Par contre, il soigne sans doute la tête.

Qu’est-ce que le pilates apporte au corps ?

Il apprend à mieux comprendre son corps et ses limites. C’est pour cela que je fais mes cours avant de les donner. Je sais où sont mes limites, qui sont certainement plus loin que pour la plupart des participants. Il permet de donner au corps du maintien, une posture. On apprend à respirer, à rentrer son nombril pour se gainer et on va chercher les muscles profonds. On se redresse, on remet ses épaules en place pour ne plus avancer vouté et on quitte peu à peu aussi toutes ces mauvaises positions-croiser ses jambes assis, par exemple- qui nous mettent en tension. Le pilates interroge le regard que nous portons sur notre corps.

… et au mental ?

Pendant un cours de pilates tonique, on ne pense pas. Cela repose. Avec le temps, cela peut aussi permettre de relativiser beaucoup de choses, de mieux gérer ses émotions et de ne plus se faire souffrir dans des situations que l’on ne peut changer. On apprend à mettre de la distance.

Au bout de combien de temps, le pilates fait-il ses effets ?

Si on est assidu aux cours, au bout de six mois, à raison de deux cours par semaine. Trois heures par semaine sont idéales ; cela permet d’ajouter un peu plus de cardio. A condition bien sûr de veiller aussi à son alimentation, entendez ne pas manger n’importe quoi et trop vite. Être en surpoids peut empêcher de prendre du plaisir pendant les cours.

Est-ce une pratique chère ?

Elle peut être chère, qui plus est à Paris. Mais dans un cadre associatif, c’est très abordable. Avec un forfait annuel, le cours revient à trois euros dans mon association.

 

Pour en savoir plus : www.shotokanjoinville.fr

Crédit photos : Collection personnelle Chantal Allain.

Une interview réalisée par Carine HAHN.